Comment intégrer et surmonter ces schémas ? Comment s’en libérer pour être soi-même et se créer une réalité différente en accord avec ses aspirations profondes ? Comment connaître le bonheur d’être soi ?
La première étape consiste à prendre conscience de nos dysfonctionnements, prendre conscience du fait que nous renouvelons systématiquement des expériences similaires et se demander s’il n’y aurait pas là une leçon à en tirer, arrêter de renvoyer sans arrêt la faute sur autrui et accepter de regarder à l’intérieur de soi, cesser de se fuir car ce que nous fuyons nous poursuit irrémédiablement. Carl Gustav Jung disait d’ailleurs que « Ceux qui n’apprennent rien des faits désagréables de leurs vies, forcent la conscience cosmique à les reproduire autant de fois que nécessaire, pour apprendre ce qu’enseigne le drame de ce qui est arrivé. Ce que tu nies te soumet. Ce que tu acceptes te transforme. »
On peut alors se demander : « qu’est-ce que moi je fais pour induire cette situation ? », « qu’est-ce que cette personne me renvoie sur moi, sur ma façon d’être et d’agir ? ». Il est important ici de s’accueillir avec beaucoup de bienveillance, d’accepter sa réalité sans jugement car si nous avons en nous des aspects dont nous ne sommes pas fiers, nous ne sommes pas pour autant la personne à blâmer. En revanche, en en prenant conscience, nous avons le pouvoir de les transformer. Nous sommes donc responsables mais pas coupables.
La seconde étape consiste donc à comprendre ce nous remettons en scène, à mettre du sens sur ce que nous traversons. Un travail d’introspection sur notre enfance/adolescence va être nécessaire. Il va falloir examiner scrupuleusement le fonctionnement du couple parental ainsi que la relation que nous avions avec chacun de nos parents pour en comprendre les dysfonctionnements, la toxicité. Ce travail peut être douloureux car nous allons comprendre que ce que nous prenions pour de l’amour n’en est pas. Nous allons découvrir l’égocentrisme de nos parents et bien d’autres aspects toxiques tout en gardant à l’esprit que nos parents n’ont pas conscience de tous ces dysfonctionnements et ont eux- mêmes été élevés par des parents toxiques. De ce fait, ils ont fait comme ils ont pu. Mais il est important pour nous à ce stade de bien comprendre le système toxique parental, de bien le disséquer pour pouvoir en sortir in fine. Cela implique également de faire le deuil de l’amour parental et de devenir pour soi-même un parent bienveillant et aimant mais aussi cadrant.
Comme nous l’avons vu, ce que nous reproduisons peut également être dû à un héritage familial inconscient plus lointain. Dans la mesure du possible il est souhaitable de connaître le vécu de nos aïeux car cela peut nous aider à mettre du sens sur les situations que nous traversons. Comprendre ce qui se joue permet d’accepter plus facilement ce que nous vivons et d’en atténuer la souffrance. C’est un premier pas pour se responsabiliser et opérer les remises en question nécessaires afin de se libérer des traumas de sa lignée et de changer de schéma.
Le stade de la compréhension est essentiel mais n’est pas suffisant pour s’affranchir du poids du passé. Une fois que nous sommes parfaitement conscients de notre schéma et de ce qu’il nous fait faire, il faut se responsabiliser et cela peut passer par plusieurs étapes. Dans certaines situations, il se peut que nous éprouvions des réactions émotionnelles particulièrement intenses, et, si l’on prend du recul, on s’aperçoit qu’elles sont disproportionnées par rapport à la situation actuelle. Il est important à ce stade d’exploiter l’intensité de notre réaction émotionnelle. Nous réagissons de manière aussi forte parce que la situation que nous vivons nous renvoie à des blessures mais la réaction que nous avons est à présent inadaptée. C’est l’occasion de plonger totalement dans cette émotion, dans ce à quoi elle nous renvoie, d’accueillir et de laisser parler notre enfant intérieur blessé, parfois terrorisé pour ensuite, une fois l’émotion évacuée et purgée, se responsabiliser dans la situation, laisser place à l’adulte. Nous devons prendre conscience que les repères qui ont été les nôtres ne sont plus d’actualité aujourd’hui. Nous devons à présent lâcher le champ de ruine sur lequel nous nous sommes construits et bâtir une belle maison aux fondations saines. Il est temps de se reprogrammer, avec de nouveaux repères et des valeurs qui correspondent à notre Moi profond.
De la même façon, nous devons nous remettre en question et nous responsabiliser dans notre couple par rapport aux projections que nous faisons sur notre partenaire et qui biaisent notre relation. Même si notre partenaire a des aspects qui nous rappellent nos parents, il n’est ni notre mère, ni notre père et n’a rien à voir avec ce que nous projetons sur lui. Il faut être conscient de ce qui se joue et ne pas être dupe.
Pour résumer, il faut prendre conscience de ses schémas et de ses croyances, les accepter sans jugements, se remettre en question et se responsabiliser. L’enfant intérieur blessé ne doit plus être aux commandes et nous devons nous installer dans l’adulte responsable, acteur de sa vie. Nous devons reprendre le pouvoir créateur dont nous avons été dépossédé, agir d’une manière autonome et créatrice. Cela implique bien évidemment que nous devons faire preuve de discipline car les vieux démons ne seront jamais loin mais leur force doit s’affaiblir au fil du temps. Nous devons trouver les ressources en nous pour cadrer les réactions émotionnelles, les comportements que nous ne voulons plus. Nous devons être vigilants et rester sourds à cette petite voix intérieure qui veut nous entraîner vers la négativité et l’auto-destruction. Grâce à cette attention permanente, nous ne retomberons plus dans notre schéma duquel nous nous dégagerons peu à peu pour acquérir une vrai autonomie.